Equipement
L'équipement doit être choisi avec soin. Il doit allier légèreté, qualité et sécurité. Et, surtout, en ce qui concerne les EPI, les Equipements de Protection Individuelle, ils doivent être suffisamment récents. Il ne faut jamais les acheter d'occasion pour deux raisons :
* On ne sait pas ce qu'a "vécu" le matériel : a-t-il subi une chute, un choc, un stockage dans un endroit trop chaud, humide...?
* Ces dispositifs de sécurité ont une durée maximale d'utilisation d'environ 5 ans de stockage en magasin avant achat puis 10 ans d'utilisation peu fréquente. Les durées de vie de ces dispositifs peuvent varier d'une marque et d'un produit à l'autre, il faut lire l'étiquette. Sont concernés les baudriers, les cordes, les casques, les longes. Théoriquement, le matériel métallique, les mousquetons, les piolets et les crampons n'ont pas une durée d'utilisation limitée, mais ils ne doivent plus être utilisés s'ils présentent des signes d'usure importants.
Sur les produits Petzl, le numéro de série commence par l'année et le jour de fabrication, cela permet de savoir précisément quel est l'âge du matériel pour en changer lorsqu'il est trop ancien. Par exemple, un numéro de série qui commence par 17125 indique que le produit a été fabriqué le 125ème jour de l'année 2017.
Le sac à dos
Pour une course de plusieurs jours avec nuits en refuge, il faut un sac à dos de 30 à 45 litres. En cas de bivouac, le sac devra être plus gros.
Le cas à dos doit être solide, si possible imperméable et léger. Pour un même volume, le poids peut aller du simple au double. Par exemple, un sac de 30 litres peut peser de 700 g à 1.5 kg. Ce poids supplémentaire ne sera pas forcément gage de qualité supérieure et de fonctionnalités intéressantes, mais pèsera lourd durant des jours de marche déjà épuisants.
Il faut surtout veiller à ce qu'il y ait de quoi attacher le piolet et éventuellement des bâtons de marche. Sur certains sacs, on trouve également une poche spécialement prévue pour ranger les crampons à portée de mains.
Les crampons
L'ascension du Mont Blanc suppose de marcher plusieurs heures sur de la glace plus ou moins dure, le long de précipices, sur des arêtes... Il n'est bien sûr pas possible, du moins raisonnable, de s'y aventurer sans crampons, même si certains trailleurs montent en courant en tenue de trail. Ce n'est pas un exemple à suivre.
Les crampons doivent être adaptés aux chaussures :
* Les chaussures sans débord acceptent uniquement les crampons à lanières. Cet équipement est déconseillé, car les chaussures ne seront pas adaptées pour faire de l'alpinisme et les crampons ne resteront pas très bien en place, ce qui rajoute des manipulations hasardeuses (avec de gros gants, pas très pratiques), une perte de temps et d'énergie (et dans ce type d'ascension, on n'en a jamais trop) et du danger.
* Les chaussures à débord arrière peuvent être équipées de crampons semi-automatiques : à l'arrière, un clip fixe fermement le crampon à la chaussure et, devant, une courroie en plastique enserre le bout de la chaussure, maintenue par une lanière. Ces chaussures ont généralement une semelle semi-rigide.
* Les chaussures à semelle rigide ont un débord arrière et un débord avant. Elles acceptent les crampons automatiques qui se fixent par un clip devant et derrière. Ils sont tout de même maintenus, par sécurité, par une lanière.
Les crampons doivent être équipés d'anti-botte, une plaque de plastique qui est fixée sous le crampon et qui empêche la neige de s'accumuler.
Le casque
Le casque doit être homologué "alpinisme" avec la norme CE EN 12492.
La plupart des modèles pèsent entre 160 g (Petzl Sirocco) à plus de 380 g. Le moindre gain de poids est intéressant, car on sent vite la différence sur la tête.
Le modèle Petzl Elia est conçu pour les femmes, avec une technique de serrage spécifique pour que le casque reste bien en place, même avec une queue de cheval.
Le piolet
Différentes formes de piolets, plus ou moins courbées, répondent à des besoins différents : marche glaciaire, cascade de glace... Pour l'ascension du Mont Blanc, un piolet droit ou quasiment droit est le plus adapté, car il servira aussi de canne dans les passages escarpés.
Pour choisir la taille du piolet, il faut se mettre debout et tenir le piolet verticalement en le saisissant par le marteau. La pointe doit arriver au niveau de la malléole (os de la cheville).
Il existe des piolets plus ou moins légers, mais certains sont trop légers et ne conviennent pas pour l'alpinisme. Ils sont également plus petits (50 cm) et sont prévus pour le ski de randonnée.
La corde et le matériel d'assurage
Pour deux personnes, la corde doit mesurer 30 m pour la voie normale et au moins 60 m pour les autres voies, plus techniques. La longueur de corde entre deux alpinistes variera, selon les passages, d'une dizaine de mètres sur la voie normale jusqu'à plus de 15 m sur les autres itinéraires. Il faut garder une réserve d'une dizaine de mètres par personne pour remonter celui qui tomberait dans une crevasse. La corde doit être tendue, tout en restant souple ; elle ne doit pas traîner par terre. Une corde trop courte ne sera pas efficace en cas de souci et une corde trop longue sera inutilement lourde.
Il faut une corde dynamique à simple de 9 à 10 mm de diamètre ou légèrement plus. Sur la corde, il doit y avoir le chiffre 1 (qui veut dire "à simple" et qui indique par là-même qu'il s'agit bien d'une corde dynamique). S'il y a 1/2, il s'agit d'une corde à double. Si c'est un sigle "infini", il s'agit alors d'une corde jumelle. Certaines cordes ont les trois certifications et peuvent être utilisées pour tout type de pratique.
Une corde dynamique est colorée. Les cordes blanches sont des cordes statiques.
Veiller à ce que la corde soit résistante à l'humidité (traitement Dry ou Hydrophobic), car elle sera en contact prolongé avec la neige.
Le matériel de secours
A l'exception de la voie normale par le Goûter, les autres voies, plus exposées, présentent des risques d'avalanche ou de crevasses. Il est vivement conseillé de se munir du matériel pour en sortir.
Avant de s'aventurer dans une de ces voies, il est recommandé de porter un DVA sous la veste. Un DVA est un Détecteur de Victime d'Avalanche. Autrefois appelé ARVA, comme une des marques qui le commercialisent, il est plutôt dénommé DVA de nos jours. Il s'agit d'un boitier qui permet d'émettre des signaux pouvant être captés par d'autres DVA. Lors d'une randonnée, le DVA est en position "émission". Lorsqu'il faut rechercher des victimes ensevelies sous une avalanche, le DVA est mis en position "recherche" pour non plus émettre des signaux, mais les capter. Aujourd'hui, l'utilisation d'un DVA est facile, mais nécessite un petit apprentissage et, si possible, un entraînement régulier : pour s'en servir en situation réelle, il faut être à l'aise avec sa manipulation ; le stress et l'urgence n'aidant pas à réfléchir !
Les DVA sont des appareils onéreux, d'autant qu'il faut éviter d'acheter, d'occasion, un modèle qui serait obsolète, comme c'est le cas des anciens modèles analogiques qui sont aujourd'hui déconseillés. Il faut impérativement choisir un modèle numérique. Les moins chers sont suffisants pour émettre, mais très peu performants pour rechercher des victimes, car ils captent mal les signaux. Ils doivent être réservés aux enfants qui, généralement, ne sont pas susceptibles de les utiliser en mode "recherche". Les DVA efficaces coûtent plus de 200 euros. Ils sont commercialisés sous les marques Arva/Nic Impex (Entreprise d'Annecy), Mammut, Ortovox, BCA et Pieps. Il est possible d'en louer dans les magasins de sport ou les associations. Par exemple, le Club Alpin Français loue tout type de matériel alpin à ses membres.
Avant de partir, il faut vérifier que le DVA fonctionne et que les piles sont suffisamment neuves. Un indicateur de charge apparaît quand on l'allume, mais, sur certains modèles, cette indication n'est pas très fiable. Il est plus prudent de mettre des piles complètement neuves et d'emporter un autre jeu de piles alcalines de rechange. Ne pas utiliser d'accus rechargeables pour les activités en altitude, car le froid les décharge très rapidement.
En plus du DVA, il est nécessaire de porter, dans son sac à dos, une sonde et une pelle. La sonde sert à localiser plus précisément la victime sous la neige, une fois que le DVA a indiqué son emplacement. La pelle permet de creuser rapidement afin de la dégager.
Pour sortir des crevasses et à condition de savoir s'en servir, il existe des appareils qui facilitent la remontée sur corde de celui qui est tombé dans la crevasse ou la traction de la victime par celui qui est resté en dehors. Ils sont vendus séparément ou sous la forme de "kit de sortie de crevasse" (chez PETZL). Ils se composent entre autre de différentes poulies. Il ne sert à rien de les posséder si on ne sait pas s'en servir. Leur utilisation nécessite une formation et un entraînement, car les techniques de sauvetage en crevasse ne s'improvisent pas. D'où l'intérêt de prendre quelques cours d'alpinisme ou d'école de glace auprès d'un guide, d'un club ou d'un organisme.
La couverture de survie
Il faudrait toujours avoir une couverture de survie en fond de sac, en randonnée. C'est un film étanche et isothermique en polyéthylène téréphtalate métallisé aussi appelé Mylar. Elle protège de la pluie, du vent, du froid et même de la chaleur.
La face argentée renvoie 90 % du rayonnement infrarouge qu'elle reçoit. Le sens d'utilisation a donc son importance :
* Si la face argentée est du côté intérieur, contre le corps donc, elle réfléchit le rayonnement infrarouge du corps et empêche la chaleur de se dissiper vers l’extérieur. A l'extérieur, si l'on voit la face dorée = chaleur préservée (moyen mnémothechnique pour ne pas se tromper : la couleur dorée évoque le soleil, donc la chaleur).
* Si la face argentée est du côté extérieur, elle réfléchit le rayonnement infrarouge du soleil et empêche la chaleur d'entrer, donc protège des fortes chaleurs, en cas d'insolation par exemple. A l'extérieur, si l'on voit la face argentée = fraîcheur préservée (moyen mnémothechnique pour ne pas se tromper : la couleur argentée évoque le métal ou la glace, donc la fraîcheur).
Attention, la couverture de survie évite les déperditions de chaleur, mais ne fait pas de miracle. Pour être efficace, elle doit recouvrir plusieurs couches de vêtements chauds. Seule, elle ne suffit pas. Elle peut rendre service si la température se situe entre 40 et moins 10 degrés.
La couverture de survie, qui brille au soleil, aide également les secouristes à repérer plus facilement, depuis l'hélicoptère, le lieu où il faut venir chercher une victime.
Il ne faut pas utiliser une couverture de survie en cas d'orage, car c’est un film métallisé donc conducteur ni à proximité de matières incandescentes, car le Maylar brûle très vite ni en cas d'emploi d'un défibrillateur.
Matériel divers
Afin de faciliter l'ascension, d'autres matériels sont plus ou moins nécessaires, mais attention à ne pas se charger inutilement :
* Les bâtons de marche aident à monter et soulagent la descente. Pour les personnes qui sont habituées à les utiliser, ils peuvent apporter un certain confort.
* La lampe frontale est requise pour les départs de nuit. Elle doit contenir des piles neuves. L'idéal est d'emporter une deuxième frontale, de secours, si la première venait à tomber en panne.
* des piles alcalines de rechange : pour le DVA, la frontale, l'appareil photo, le GPS... Pas d'accus rechargeables, qui seraient déchargés par le froid au moment où l'on voudrait s'en servir.
* Un appareil photo, si possible léger et petit, muni de piles alcalines neuves. Autant on peut se passer de jumelles, autant il serait dommage de ne pas immortaliser l'ascension au Mont Blanc par de belles photos.
* Un GPS, si l'on sait s'en servir, pour se repérer en cas de temps brumeux ou de mauvaises conditions météorologiques. Selon les modèles, il permet aussi d'indiquer l'altitude.
* A défaut de GPS, une boussole et un altimètre.
* La carte au 1/25000ème, car il est toujours préférable de ne pas s'engager en montagne sans une carte précise. Les différents appareils mentionnés plus haut ne dispensent pas d'emporter une carte. On peut se contenter de photocopier, en couleur, la partie de la carte qui concerne le secteur où nous devons évoluer. Rangée dans une pochette plastique, cette photocopie sera plus pratique et légère.
* Un couteau ou un canif de poche, si possible avec une ciseau intégré. D'ailleurs, il devrait toujours y avoir un couteau dans le sac à dos d'un randonneur.