Vêtements

Même si, la plupart du temps, l'ascension du Mont Blanc se fait en période estivale, il peut faire très froid au sommet. Un jour de canicule à Chamonix, on peut trouver des conditions hivernales à plus de 4800 mètres (4808.72 m selon le dernier relevé de septembre 2017). Il ne faut, de toute façon, pas s'attendre à avoir des températures douces ou même positives. Il est rare qu'il fasse plus de zéro degré. Par contre, il n'est pas rare, en été, que les températures ressenties descendent jusqu'à moins 20 degrés quand il y a du vent. Or, il y a très souvent du vent au sommet du Mont Blanc et celui-ci accentue considérablement le froid ressenti. C'est ce qu'on appelle "L'effet Windchill" :

Temperature ressentie vent copie

Il faut donc prévoir de quoi bien se couvrir, surtout les pieds, les mains et la tête qui se refroidiront plus vite que le reste du corps qui lui, sera plus ou moins réchauffé par l'effort. Si les températures sont trop extrêmes, il vaut mieux renoncer, car avec la fatigue et des conditions météo qui ralentissent le pas (vent, brouillard), l'hypothermie s'installe rapidement.

Certains médecins conseillent de prendre de faibles doses d'aspirine pour fluidifier le sang et limiter l'hypothermie. Cette prise d'aspirine peut aussi éviter le mal aigu des montagnes. Elle est également préconisée en cas de gelures. Il faut respecter la dose de 100 mg à 250 mg/jour qui correspond à l'efficacité optimale (effet anticoagulant).

Enfin, pour lutter contre le froid, il faut boire régulièrement, chaud si possible : une gorgée toutes les 5 à 8 minutes, ce qui est le plus efficace pour s'hydrater.

 

Les pieds

Tout d'abord, les chaussures de randonnée, de trail ou autres chaussures légères sont proscrites et même interdites par le maire de Saint-Gervais. Pour ceux qui ne le sauraient pas : le Mont Blanc est sur la commune de Saint-Gervais-les-Bains et non pas sur celle de Chamonix-Mont-Blanc.

Il est possible, en dehors de la période estivale, de monter en chaussures de ski et de redescendre en ski par la face nord, avec arrêt possible au refuge des Grands Mulets et retour par le glacier des Bossons. Cet itinéraire est bien sûr réservé aux très bons skieurs.

A part ce cas de figure, pour faire de l'alpinisme, il faut des chaussures d'alpinisme, c'est à dire des chaussures dont les semelles sont rigides ou semi-rigides et cramponnables. Pour cela, elles ont un débord à l'arrière et parfois à l'avant, pour fixer les crampons.

Ces chaussures renferment, dans la très grande majorité des cas, une membrane Gore-tex qui empêche l'eau de rentrer, mais qui laisse sortir l'humidité générée par la transpiration.

Elles sont plus rigides et le bout est recouvert d'un pare-pierre en plastique afin de maintenir et protéger le pied lorsqu'il faut grimper sur des roches. Plusieurs marques se partagent le marché telles que Scarpa, La Sportiva, Garmont, Meindl...

Il est préférable de choisir des chaussures à revêtement cuir et pas trop lourdes. De nombreux modèles dépassent 1600 g la paire, 1800 g ou même plus de deux kilos. Pour une course aussi longue et physique, ce poids sera vite pénalisant, sans oublier qu'aux chaussures s'ajouteront des crampons dont la paire pèse environ un kilo. Certaines paires de chaussures d'alpinisme pèsent moins de 1400 g, mais sont sans doute moins chaudes. Il faudra alors redoubler de vigilance sur le choix des chaussettes.

Les chaussures d'alpinisme sont censées être plus chaudes que de simples chaussures de randonnée, mais il faut tout de même prévoir de bonnes chaussettes épaisses, si possible en laine de moutons mérinos. Ce matériau naturel présente plusieurs avantages : la laine est naturellement anti-bactérienne, ce qui empêche la formation des mauvaises odeurs et permet de porter les mêmes chaussettes pendant plusieurs jours sans avoir à les laver. Elle est également thermorégulatrice. Elle absorbe la transpiration et protège du froid, même quand elle est mouillée. Pour atteindre le sommet et en redescendre, il faudra marcher plusieurs heures dans la neige ou sur la glace. Il est vraiment primordial d'éviter d'avoir froid aux pieds, au risque de devoir rebrousser chemin avant le sommet ou de souffrir d'engelures, qui, dans les cas les plus sévères, peuvent conduire à des amputations.

Si les chaussettes ne sont pas trop épaisses et qu'elles laissent un peu de place dans la chaussure, on peut ajouter une semelle thermique qui a un dessous recouvert d'aluminium et le dessus recouvert de fibre polaire. L'aluminium empêche le froid de remonter. Si la place manque pour ajouter des semelles, on peut se contenter de disposer quelques épaisseurs de papier aluminim (très fragile) sous la semelle d'origine ou d'emballer le pied dans un morceau de couverture de survie (avec la face jaune vers l'extérieur, donc la face argentée contre le pied).

Attention à ce que le pied ne soit pas serré, car la circulation sanguine ne se ferait pas correctement, ce qui augmenterait alors le risque de souffrir du froid. De plus, les chaussures d'alpinisme, comme les chaussures de randonnée, doivent être plus grandes que celles que l'on porte habituellement. Il faut choisir une pointure de plus ou une poiture et demi. Les chaussures de montagne sont taillées par demi-pointures, voire tiers de pointures. Par exemple, si l'on chausse du 42, la chaussure d'alpinisme devra chausser du 43 ou du 43 et demi. Les orteils doivent pouvoir remuer et, surtout, ne pas toucher le bout de la chaussure, dans les descentes. Au moment de l'achat, il faut sortir la semelle, se mettre debout dessus, en chaussettes épaisses : il doit rester un bon centimètre de semelle qui dépasse devant les orteils.

Très important : on peut avoir froid aux pieds, malgré un chaussant adapté, parce que le torse et la tête ne sont pas suffisamment couverts. En cas de danger d'hypothermie, le sang afflue vers les organes vitaux que sont le coeur et le cerveau. Les extrémités sont sacrifiées et privées de sang, ce qui entraîne un refroidissement important.

 

Le haut

Pour couvrir le corps, que ce soit le haut ou le bas, il faut respecter le principe des "trois couches", c'est à dire porter au moins trois couches de vêtements afin d'emprisonner l'air entre chaque couche et, ainsi, mieux conserver la chaleur du corps.

La première couche pour évacuer l'humidité : il s'agit d'un tee-shirt à grandes manches thermique léger, prévu pour le sport. Il en existe en polyester, mais le mieux est d'en choisir un en laine mérinos.

La deuxième couche pour tenir chaud : une polaire ou une softshell.

La troisième couche pour isoler du vent et de la pluie : une veste imperméable ET respirante pour ne pas accumuler de l'humidité par l'intérieur : voire le chapitre plus bas. La veste doit disposer d'une capuche réglable et assez grande pour être portée sur un casque.

S'il fait très froid, on peut bien sûr ajouter un autre vêtement au niveau de la deuxième couche, sous la veste imperméable. Dans le cas contraire et s'il n'y a pas de vent, on peut se passer de la veste (la troisième couche).

Prévoir une couche isolante et chaude pour les pauses, par exemple pour la demi-heure de contemplation au sommet. l'idéal est une doudoune en duvet à ajouter sous ou même sur la veste si l’on ne veut pas prendre le risque de se refroidir en se découvrant. Le corps se réchauffe pendant l'effort puis se refroidit très vite à l'arrêt, surtout par grand froid, toujours possible à cette altitude à n'importe quel moment de l'année. La doudoune doit être réservée aux arrêts, car elle ne permet d'évacuer la transpiration pendant l'effort.

 

Le bas

Là encore, le principe des trois couches est requis :

La première couche : un collant thermique, si possible en laine mérinos.

La deuxième couche : un pantalon de randonnée, d'escalade (épais et élastique) ou, par temps très froid, un pantalon de ski.

La troisième couche : un surpantalon imperméable et respirant pour isoler du vent et de la pluie. Ceux en Goretex ou autre membrane coûtent très cher. L'autre solution est de choisir un pantalon imperméable en polyester à moins de quinze euros, léger, mais moins respirant.

Certains pantalons d'alpinisme peuvent faire office de deuxième et troisième couche.

Il faudra aussi prévoir des guêtres pour empêcher la neige d'entrer dans les chaussures. Il en existe avec du Gore-tex ou une autre membrane. Mais attention, certains modèles ne sont ainsi doublés que sur la partie haute et le bas de la guêtre n'est pas imperméable : le bas du pantalon est mouillé à la fin d'une sortie, ce qui peut entraîner un refroidissement du bas de la jambe. C'est le cas des guêtres MILLET qui ne sont pas imperméables en bas (les modèles avec DryEdge ou Goretex) ou pas imperméables du tout (pour les modèles sans membrane). Certains modèles "premier prix" sans marque sont, au contraire, totalement imperméables. Attention à ne pas payer cher, un modèle peu performant. Par exemple, les guêtres MILLET sont vendues à des prix excessifs qui ne sont pas du tout justifiés.

Il y a parfois des guêtres intégrées en bas des pantalons d'alpinisme, ce qui dispense d'avoir à acheter une paire de guêtres indépendantes.

 

Les mains

Les mains se refroidissent très vite et courent le risque, par temps très froid, de souffrir d'engelures. Pour le choix de la paire de gants, il faut tenir compte de toutes les contraintes :

* Les gants devront empêcher de souffrir du froid, même en cas de températures extrêmes : au moins jusqu'à moins 10 ou moins 15 degrés. Malheureusement, la température minimale d'utilisation est rarement indiquée sur l'étiquette.

* Ils ne doivent pas être trop rigides pour être compatibles avec la pose des crampons, le maniement des bâtons de marche ou du piolet, voire de l'appareil photo.

* Ils seront amenés à toucher la neige, voire seront utilisés dans le brouillard ou sous la pluie. Ils doivent donc être imperméables et, si possible, respirants.

* Ils seront soumis à rude épreuve pendant l'ascension de l'arête du Goûter (sous l'ancien refuge éponyme), pour grimper avec les mains et/ou tenir le câble. On peut, et c'est conseillé, ne pas tenir le câble, mais l'utiliser pour s'attacher avec une longe de via ferrata et ainsi garder les deux mains pour grimper. Cela ne change rien à l'usure des gants ; il faut donc des gants solides, donc si possible en cuir. Il en existe qui sont renforcés en Kevlar.

Le mieux est de porter des gants fins ou des sous-gants (par exemple en fibre polaire) en première couche, sous des gants épais et résistants, par exemple des gants de ski ou d'alpinisme.

Très important : il faut aussi veiller à bien couvrir le torse et la tête, car en cas de grand froid, l'organisme privilégie ces zones vitales aux dépens des extrémités. Si la poitrine et la tête sont suffisamment couvertes, le sang refluera vers les mains et les pieds, qui n'auront plus froid. 

Si cela ne suffit pas, 2 minutes à faire de grands moulinets avec les bras est très efficace pour irriguer les doigts et réchauffer les mains.

 

La tête

Couvrir la tête est très important, car 30 à 40% des pertes de chaleur du corps se font au niveau de la tête. Il faut garder à l'esprit que le bonnet ou la cagoule devra "passer" sous le casque. Par contre, les vestes d'alpinisme ont des capuches réglables qui sont censées pouvoir recouvrir le casque.

Le cou également pourra avoir besoin d'un peu de chaleur. L'idéal est de porter une cagoule qui couvre l'ensemble du visage. Il existe également des tours de cou, disponibles dans les magasins de sport, par exemple au rayon "escalade". Ils se positionnent de différentes façons, pour couvrir la tête, le cou ou les deux. Ils ont l'avantage d'être très légers, mais ils couvrent moins qu'une cagoule et tiennent moins chaud.

Des lunettes de type "glacier" sont indispensables, avec des protections sur les côtés des yeux, car la lumière du soleil se réverbère sur la neige et provient de toute part. Prévoir une cordelette pour éviter de les perdre. Il est prudent d'emmener également un masque de ski qui protégera davantage les yeux et le visage en cas de vent.

 

Les textiles imperméables et respirants

Lors d'un effort et encore plus en haute montagne, il est primordial de prévoir des vêtements imperméables et surtout respirants, car, la plupart du temps, l'humidité vient de l'intérieur, issue de la transpiration. Il faut donc que cette humidité puisse être évacuée. C'est encore plus important lorsqu'il fait froid, car il n'est pas possible de se réchauffer lorsqu'on est mouillé ou humide.

Les vestes résistantes, imperméables, coupe-vent et respirantes sont appelées Hardshells (ou coquilles) par opposition aux Softshells qui sont souples et déperlantes, mais peu imperméables.

 

Pour évaluer l'imperméabilité d'un tissu selon la norme EN 20811 (ISO 811:1981), on mesure la pression d'eau (en millimètres ou en Schmerber) à partir de laquelle la matière commence à laisser passer l'eau. Pour la tester, on place le tissu (ou la membrane de type Gore-Tex) sous une colonne d'eau (un tube rempli d'eau). Si les premières gouttes passent à travers le tissu quand la colonne d'eau mesure 5000 mm de haut, on dit que ce tissu est imperméable à 5000 Schmerber. Cette unité a été inventée par Charles-Edouard Schmerber.

1 Schmerber = 1 mm de colonne d'eau = 10 pascal (10 Pa) = 0.1 mBar = 0.1 g/cm2. 10000 Schmerber, soit une colonne d'eau de 10000 m (10 mètres) correspond à une pression de 1 bar, soit 10 N/cm2 (newton/cm2) ou encore 1 kg/cm2.

Une pluie dépasse rarement l'équivalent de 2000 Schmerber, mais à certains endroits (bretelles du sac à dos), la pression exercée sur le tissu peut correspondre à l'équivalent de 8000 Schmerber. Sur le terrain, la résistance réelle à l'eau dépend de trois facteurs : la pression de l'eau, la pression exercée par le sac à dos ou tout autre appui et le temps d'exposition à l'intempérie. Il faut donc que le vêtement affiche un minimum de 10000 Schmerber pour être considéré comme correctement imperméable. On considère qu'à partir de 20000 Schmerber, le tissu est parfaitement imperméable.

* 5000 mm est une imperméabilité faible qui ne protège que d'une pluie fine ou de légères chutes de neige.

* 10000 mm protège d'une pluie modérée ou de chutes de neige modérées et un peu humides.

* 15000 mm offre une bonne résistance face à de fortes averses de pluie ou de neige.

* 20000 mm protège de tout type de précipitations, même extrêmes.

Certaines marques, telles que The North Face, indiquent l'imperméabilité en PSI (Pounds per Square Inch : livres par pouce carré).

1 PSI équivaut à environ 0,07 bar (70 g par cm2), 7000 Pa et 700 Schmerber.

Un vêtement qui affiche 25 PSI est déjà très imperméable, car cela correspond à plus de 17000 Schmerber. Un PSI de 40 équivaut à près de 28000 Schmerber, c'est à dire l'imperméabilité d'un Gore-Tex.

 

La respirabilité est la capacité de laisser s'échapper la transpiration. Certaines marques telles que Gore-Tex ou Décathlon indiquent la respirabilité par un coefficient RET (Resistance Evaporative Transfert, que l'on peut traduire par "Résistance textile à l'évaporation"). Il répond à la norme européenne ISO 11092. Le RET est mesuré en m2/pa/w. Il détermine la résistance qu'oppose un tissu à l'évacuation de l'humidité. Plus cette résistance est faible, plus la matière est respirante. Plus le RET est petit, plus le vêtement est respirant :

* RET au-delà de 20 : le vêtement n'est absolument pas respirant.

* RET entre 12 et 20 : le vêtement est faiblement respirant.

* On considère que vers RET 12, la respirabilité est suffisante pour des efforts modérés, mais elle sera inadaptée pour un effort soutenu.

* RET inférieur à 6 : le vêtement est très respirant et adapté pour un effort soutenu.

Parfois, la respirabilité est exprimée avec la mesure MVTR (Moisture Vapor Transmission Rate : taux de transfert de la vapeur d'eau) en fonction de la quantité d'eau, en grammes, qui peut s'échapper d'un mètre carré de tissu en 24 h (gr/m2/24 h). Plus ce taux est élevé, plus le tissu est respirant :

* A partir de 5000, le vêtement est modérément respirant. 

* Un MVTR de 10000 indique que le vêtement est respirant.

* Au delà de 20000, le vêtement est très respirant.

Ces deux unités de mesure n'expriment pas tout à fait la même chose : le RET mesure l'énergie (la pression) nécessaire pour faire passer la vapeur d'eau à travers un tissu. Le MVTR mesure la quantité d'eau capable de s'évacuer en 24 h. Il est difficile de comparer des vêtements dont les performances en terme de respirabilité ne sont pas exprimées dans la même unité. Par exemple, une veste polaire est très respirante, mais elle ne peut pas toujours nous maintenir au sec si elle est trop chaude et qu'elle nous fait transpirer. Cette veste obtient donc de très bons résultats avec la mesure MVTR, mais très mauvais avec le RET. Il est difficile de comparer les deux. Voici un ordre d'idée pour faire la conversion :

* Un RET inférieur à 4 correspond environ à 30000 dans la mesure MVTR.

* RET 5 correspond environ à 20000.

* RET 9 : 10000.

* RET 10 : 5000.

Attention, selon le type de membrane, la respirabilité n'est efficace que si l'air ambiant est sec. Si l'air est trop humide ou s'il pleut, le tissu se charge d'eau et empêche l'humidité de sortir. Autrement dit, s'il pleut, nous serons mouillé, non pas par la pluie, mais par la transpiration.

D'autres marques utilisent la mesure de perméabilité à l'air indiquée en CFM (Cubic Feet per Minute), exprimée en gr/m2/seconde. Par exemple 0,5 CFM signifie que le tissu laisse passer 2 litres d'air par m2 par seconde, ce qui est énorme. Une perméabilité de 0 CFM signifie que l'air ne passe pas du tout, ce qui rend le vêtement parfaitement coupe-vent, tout en permettant toutefois d'évacuer l'humidité. Certaines marques choisissent de laisser l'air circuler légèrement de l'extérieur vers l'intérieur pour une meilleure respirabilité, mais ce n'est pas indispensable.

 

L'imperméabilité peut être obtenue grâce à un enduit imperméable plus ou moins résistant. La plupart des vêtements sont recouverts d'une fine couche d'imperméabilisant appelée DWR (Durable Water Deperlant) sur l'extérieur du tissu : c'est un revêtement qui permet à l'eau de former des perles et de s'écouler sur la couche extérieure du tissu au lieu d'être absorbée. Un vêtement uniquement recouvert de DWR est imperméabilisé grâce à la déperlance qui permet de faire glisser les gouttes d'eau et ainsi d'éviter qu'elles pénètrent la première couche. On trouve également cette couche DWR sur les vêtements qui disposent d'une membrane (Gore-Tex ou autre). La plupart des membranes stoppent l'eau après qu'elle soit passée à travers la première couche du vêtement, ce qui le rend imperméable, mais l'eau retenue dans la première couche alourdit le vêtement et empêche la vapeur d'eau de sortir. Au bout d'un moment, l'enduit s'use et la déperlance diminue. Il faut alors réimperméabiliser le vêtement grâce à une bombe de produit spécifique. Le plus connu est celui de la marque Nikwax.

Certains tissus, comme le DryVent de la marque The North Face, sont recouverts d'un enduit plus technique sur la face intérieure qui agit comme une membrane, mais qui sera moins résistante et moins durable.

 

Le plus souvent, l'imperméabilité repose sur la présence d'une membrane extrêmement fine, recouverte de part et d'autre par un tissu afin de solidifier et épaissir l'ensemble.

Les membranes sont composées de PTFE ou de polyuréthane, moins polluant. Elles sont associées à d'autres tissus pour former deux, trois ou 2,5 couches :

* Un tissu "3 couches" a l'aspect d'une seule couche et est composé d'une membrane recouverte de chaque côté par un tissu plus épais. Pour l'alpinisme, les vêtements 3 couches sont recommandés. Ils sont plus solides, mais aussi plus rigides.

* Un tissu "2 couches" est plus lourd et plus volumineux que le 3 couches. Il associe une couche composé d'un tissu extérieur collé à la membrane et une doublure intérieure en maille pour protéger la membrane.

* Un tissu "2 couches et demi" (ou 2,5) est plus fragile. Il ressemble au 2 couches, mais le tissu en maille est remplacé par un imprimé en relief. Les vêtements avec membrane 2,5 couches sont plus fragiles et déconseillés pour l'alpinisme.

Si le tissu qui est ajouté à une membrane est fin, le vêtement sera plus respirant, mais aussi plus fragile. Certaines membranes affichent une bonne respirabilité, mais ne commencent à être efficaces que lorsque l'intérieur du vêtement est saturé en humidité. De nouvelles membranes offrent une respirabilité instantanée ou une respirabilité liée à la température : s'il fait froid, la membrane garde la chaleur à l'intérieur au lieu de l'évacuer/s'il fait chaud, la membrane respire.

 

La technologie la plus connue est celle des membranes Gore-Tex qui sont réputées pour être très imperméables et respirantes. Les membranes Gore-Tex sont toutes censées être imperméables à 28000 Schmerber. Leur respirabilité est par contre très variable d'une membrane à l'autre, allant de moins de 3 à 13 selon les autres tissus qui lui sont associés.

La membrane Gore-Tex est une très fine couche de 0.01 mm de polytétrafluoroéthylène (PTFE), aussi appelé Teflon. Ce matériau a été mis au point en 1938. Bob Gore, au début des années 1970, découvre que si l'on étire du Teflon, des pores microscopiques commencent à apparaître. La membrane Gore-Tex est donc une très fine couche de Teflon étiré (ou expansé : ePTFE) qui possède plus d'un milliard de trous microscopiques par cm carré. Ces trous de 0.2 micron de diamètre sont 20000 fois plus petits qu'une goutte d'eau, ce qui rend la membrane parfaitement imperméable. Ils sont 700 fois plus gros qu'une molécule de vapeur d'eau, l'humidité de la transpiration peut donc s'évacuer.

Les membranes Gore-Tex se déclinent aujourd'hui en différentes versions plus ou moins performantes. En voici quelques-unes :

* Le Gore-Tex standard qui offre un bon rapport qualité/prix.

* Le Gore-Tex Pro a une membrane renforcée et une construction en 3 couches. Il est plus résistant à l'abrasion, donc adapté à l'alpinisme. Son RET varie de 3 à 6.

* Le Gore-Tex Active est léger et plus respirant (RET < 3), mais aussi plus fragile malgré une construction en 3 couches.

* Le Gore-Tex C-Knit offre le meilleur compromis entre imperméabilité, respirabilité, durabilité et souplesse.

* Le Gore-Tex Paclite est très respirant, souple et léger, mais plus fragile. Son RET est de 4.

La technologie Gore-Tex appartient à la firme américaine Gore. Les marques de vêtements ou chaussures qui souhaitent l'utiliser doivent l'acheter très cher. C'est pourquoi, depuis quelques années, elles cherchent à développer leur propre membrane pour être autonomes, ne plus avoir à rétribuer l'entreprise Gore et pour concurrencer les vêtements à base de Gore-Tex. Ces nouvelles membranes sont de plus en plus performantes et n'ont plus rien à envier au Gore-Tex :

* Une des premières membranes à avoir concurrencé le Gore-Tex est le MP+ de l'entreprise française Francital. Leurs vêtements sont commercialisés sous les marque Vertical et Raidlight. Cette membrane en polyuréthane contient des molécules hydrophiles qui aspirent la vapeur d'eau et l'évacuent vers l'extérieur. Elle est donc très respirante, avec un RET autour de 2. Par contre, elle est, en théorie, moins imperméable que le Gore-Tex. Il semblerait toutefois qu'elle soit beaucoup plus imperméable que les 10000 qu'elle affiche.

* The North Face utilise une membrane en polyuréthane DryVent Alpha (très résistante pour l'alpinisme) ou un enduit performant et résistant DryVent. Cette technologie était précédemment dénommée HyVent. Les tissus Dryvent peuvent avoir plus ou moins de couches : 2.5 L (aussi appelé DT), 2 L ou 3 L. Seuls ceux qui portent la dénomination "alpha" contiennent une membrane. The North Face communique peu sur les performances du Dryvent ou donne des chiffres incohérents. Il semblerait que le Dryvent soit imperméable à 15000/25000, selon les sources. La respirabilité serait supérieure à 12000, voire 15000.

* La marque Columbia insère dans ses vêtements deux types de membranes : la membrane Omni-Dry et, encore plus efficace, la membrane Out-Dry qui a la particularité d'être à l'extérieur des vêtements, contrairement aux autres membranes qui sont à l'intérieur et qui empêchent l'eau de pénétrer au-delà de la première couche. Avec la technologie Out-Dry, il n'y a plus de problème d'accumulation d'eau dans la première couche, car l'eau n'entre pas du tout. La toile extérieure ressemble un peu à un ciré. Certains utilisateurs rapportent que leur vêtement doté de la technologie Out-Dry est extrêmement imperméable, mais peu respirant.

* Mountain Hardwear, qui appartient au groupe Columbia, utilise le Dry.Q. Le Dry.Q Elite est fabriqué par General Electrics comme l'eVent dont il est une variante. Il est très imperméable et respirant. Il est composé de Téflon comme le Gore-Tex. Contrairement à la plupart des membranes qui sont recouvertes d'un tissu enduit, ses fibres sont recouvertes d'une protection hydrophobe, comme c'est le cas pour l'eVent. Montain Hardwear se distingue de ses concurrents dont l'effet de respirabilité des membranes commence à agir uniquement quand l'intérieur du tissu est mouillé. Le Dry.Q respire immédiatement, sans attendre qu'il y ait de l'humidité à l'intérieur du vêtement, mais cela n'est vrai que pour le Dry.Q Elite, les autres membranes Dry.Q ne sont pas faites dans le même matériau. Le Dry.Q se décline en différentes versions : le Dry.Q Elite est ultra imperméable et ultra respirant, il se trouve sur les vêtements hauts de gamme et affiche une imperméabilité de 40000 mm et une respirabilité de 30000 g/m2/24 h. Le Dry.Q Evap offre une très bonne respirabilité. Le Dry.Q Active est léger et très respirant : 20000 en imperméabilité et respirabilité. Quant au Dry.Q Core, c'est le modèle économique, mais tout de même très performant en terme d'imperméabilité (10000) et de respirabilité (10000). Chez Mountain Hardwear, une autre membrane , le VaporDry, affiche une imperméabilité de 16000 et une respirabilité de 26000.

* La membrane eVent, mise au point par la société General Electrics, offre une imperméabilité allant de 10000 à 30000 Schmerber, en plus d'une très bonne respirabilité : 20000 à 30000 en MVTR. Chaque fibre de la membrane est recouverte, ce qui favorise la respirabilité, davantage que lorsque la membrane est recouverte d'une couche globale. Le transfert de l'humidité se fait avant même que la membrane ne soit mouillée. Elle fonctionne un peu comme le Gore-Tex, mais est plus fragile et moins durable. L'eVent DValpine est un tissu trois couches très protecteur. L'eVent DVstorm est un peu plus respirant que l'eVent DValpine. Le RET est annoncé à 2,7.

* La membrane NeoShell de Polartec est très imperméable et extrêmement respirante. Conçue en polyuréthane microporeux, cette membrane est très légère. L'imperméabilité est de 10000 Schmerber et la respirabilité est excellente.

* La membrane Sympatex n'a pas de micro-pores, mais des micro-canaux qui traversent le tissu dans toutes les directions pour évacuer la transpiration plus rapidement. Elle est également très imperméable, annoncé à 45000 Schmerber, avec un RET mesuré à 1,5.

* Le japonais Toray a développé la membrane Dermizax en polyuréthane. Elle n'a pas de pores, mais des molécules "mobiles" qui évacuent la vapeur d'eau en fonction de la température du corps : plus on a chaud, plus les molécules sont mobiles et plus la membrane est respirante. Le Dermizax DX est le modèle de base, dont la priorité est la protection. Le Dermizax EV a une membrane plus fine pour une meilleure respirabilité. Le Dermizax NX est le modèle haut de gamme très respirant.

* Millet imperméabilise ses vêtements grâce à sa technologie Dry-Edge. Il y a plusieurs "qualités" de vêtements qui contiennent du Dry-Edge, avec des performances allant de 5000 à 10000 pour l'imperméabilité et la respirabilité.

* Patagonia fabrique la membrane H2NO à partir de bouteilles recyclées. Cette membrane est efficace, avec une imperméabilité qui va de 10000 à 20000 et une respirabilité supérieure à 12000.

* Eider a mis au point la membrane Defender. C'est une membrane microporeuse apposée sur la matière extérieure du vêtement. Sur internet, on trouve des vêtements qui bénéficient d'une membrane Defender avec des performances allant de 10000 à 20000 en imperméabilité et de 5000 à 15000 pour la respirabilité.

* La membrane Pertex Shield offre une imperméabilité et une respirabilité de 20000.

 

La veste doit également être assez résistante pour être utilisée en alpinisme ou en randonnée avec un sac à dos lourd. Il est parfois indiqué en quel tissu elle est fabriquée, avec une indication telle que 40 D. Cela signifie que c'est un tissu en 40 deniers. Un denier est le poids d’un fil de soie (c’est-à-dire 1 g) long de 9 m. Un fil de 40 deniers pèse 40 g pour une longueur de 9 m.

En général, plus un fil est lourd (plus le nombre de derniers est important), plus il est résistant et/ou épais, mais ce n’est pas systématique. Certaines fibres sont plus résistantes que d’autres qui sont pourtant plus lourdes ou plus épaisses.

De nombreuses vestes d’alpinisme ou de randonnée sont en Ripstop. C'est un tissu renforcé par une trame de fils enserrés dans sa structure afin de le rendre plus résistant et d’éviter l’agrandissement des déchirures.