Par où passer ?
Les deux principaux itinéraires sont ceux du Goûter et des "trois monts". Ils sont dénommés "Voies normales du Mont Blanc". Le plus fréquenté est celui qui passe par l'aiguille et le refuge du Goûter. Il y a trois autres voies, moins fréquentées.
Tous les itinéraires sont côtés de PD à AD, c'est à dire de "Peu Difficile" à "Assez Difficile", mais ces cotations concernent les courses d'alpinisme. Il ne faut pas les comparer avec celles d'une randonnée qui aurait le même type de cotation et qui, effectivement, serait une promenade assez facile et sans danger.
Une cotation en PD signifie que l'ascension du Mont Blanc n'est pas difficile pour un alpinisme ou un randonneur qui a suivi un entraînement aux techniques de l'alpinisme, et ce, en conditions normales : températures supportables, bonne visibilité, absence de précipitations, vent faible ou nul. Avec une météo moins clémente, la difficulté et le danger augmentent nettement.
Une cotation en AD réclame davantage d'expérience, car certains passages sont exposés sur des roches ou des arêtes.
La voie normale par le Goûter
Cotation : PD - (Peu difficile inférieur).
Cette course n'est pas difficile, mais elle est très longue et dangereuse. Il n'est pas possible de la réaliser en un seul jour, à l'exception de quelques champions ou des guides de haute montagne. Il faut compter deux à trois jours, voire davantage. Par exemple :
* Le premier jour (au minimum 2 à 4 h 30 de marche selon le point de départ) : montée au refuge de Tête Rousse, soit depuis le Nid d'Aigle, à l'arrivée du Tramway du Mont Blanc (TMB au départ de St Gervais : 37 euros l'aller-retour) à 2372 m d'altitude avec une dénivellation d'environ 800 m, soit au départ du parking du Crozat, à 1420 m d'altitude, avec une dénivellation de plus de 1750 m. Cela permet de réaliser une économie de 37 euros, mais ajoute énormément de fatigue à une course qui sera déjà longue et épuisante. Autant garder son énergie pour la suite.
* Le deuxième jour (2 à 3 h) : départ très tôt le matin, quand le soleil se lève, pour monter au refuge du Goûter. Pour cela, il faudra traverser le couloir du Goûter, tristement célèbre pour ses chutes de pierres, puis grimper le long de l'arête du Goûter. Il est fortement conseillé de passer ces passages dangereux le matin quand il ne fait pas encore trop "chaud", que les pierres sont encore un peu soudées par le gel et qu'il n'y a pas encore trop de monde. Il faut toutefois attendre qu'il fasse jour pour voir les pierres tomber.
L'aiguille du Goûter et, vers la droite, le nouveau refuge :
* Le troisième jour (environ 5 heures pour monter et 3 heures pour descendre) : départ très tôt le matin, éventuellement de nuit à la lumière de la frontale, pour faire l'aller-retour jusqu'au sommet du Mont Blanc.
* Le quatrième jour ( 4 h 30 ou 6 h 30) : après une seconde nuit au refuge du Goûter, redescendre très tôt le matin, dès qu'il fait un peu jour, pour passer de nouveau les passages dangereux au moment de la journée le moins dangereux. La dénivellation totale en descente est d'environ 1500 m jusqu'au Nid d'Aigle et de plus de 2450 m jusqu'au parking du Crozat.
* Eventuellement, un cinquième jour (2 h) peut être consacré à la dernière partie de la descente après une nuit au refuge du Nid d'Aigle pour ceux qui seront partis de tout en bas, du parking du Crozat.
Le fait de monter en plusieurs jours présente plusieurs avantages : moins s'épuiser et ainsi avoir plus de chances d'arriver au sommet, s'acclimater à la haute altitude pour courir moins de risques de souffrir du mal aigu des montagnes et, là encore, avoir plus de chances d'arriver en haut, passer l'aiguille du Goûter aux heures les moins dangereuses. Il y a aussi des inconvévients : plusieurs nuits en refuge coûtent très cher et le fait de multiplier les jours de course oblige à emmener et donc porter plus de litres d'eau, car il n'y a pas moyen de remplir les gourdes dans les refuges du Mont Blanc (pas d'eau courante). L'eau, c'est très lourd et ce poids supplémentaire peut considérablement compromettre les chances de réussite.
Très souvent, les candidats à l'ascension du Mont Blanc prennent le premier train qui part de Saint-Gervais à 7 h 20 (en été). Ils arrivent au Nid d'Aigle à 8 h 30 puis abordent le couloir du Goûter vers 11 h, ce qui est déjà tard. Le deuxième jour, ils se lèvent très tôt, partent de nuit, atteignent le sommet et redescendent au Nid d'Aigle, en passant le couloir du Goûter vers midi, aux heures les plus chaudes (donc les plus dangereuses) et les plus fréquentées. De plus, monter sur une dénivellation de 1000 m dans la neige ou la glace et redescendre, dans la foulée, au minimum 2400 m, est épuisant et donc dangereux, car il faut être en forme pour descendre dans l'arête du Goûter. La fatigue expose davantage aux erreurs, aux pertes d'équilibre et donc aux chutes.
Trois refuges jalonnent ce parcours :
* Le refuge du Nid d'Aigle : à quelques minutes de l'arrivée du TMB, il est surtout intéressant de s'y arrêter au retour dans le cas où la voiture est stationnée au parking de Crozat. 20 places, 04 50 58 05 78 ou 06 81 60 81 04, http://nidaigles.pagesperso-orange.fr/
* Le refuge de Tête Rousse : 74 couchages, 04 50 58 24 97, http://refugeteterousse.ffcam.fr/
Il est possible de bivouaquer près du refuge. Une zone est prévue pour cela.
* Le nouveau refuge du Goûter : 120 places, 04 50 54 40 93, http://refugedugouter.ffcam.fr/
La voie des trois monts par l'aiguille du Midi
Cotation : PD + (Peu difficile supérieur).
Cet itinéraire est exclusivement alpin ; aucune marche d'approche n'est nécessaire puisque le téléphérique permet d'atteindre rapidement et sans effort, l'aiguille du Midi qui culmine à 3842 m d'altitude.
Le refuge des Cosmiques, un peu plus bas, à 3606 m d'altitude, est rejoint après une petite marche d'une demi-heure à une heure. Les alpinistes les plus expérimentés et entraînés peuvent faire l'aller-retour jusqu'au sommet du Mont Blanc le même jour, mais il est conseillé de faire la course en deux jours :
* Le premier jour, il s'agit uniquement de monter à l'aiguille du Midi par le téléphérique et de descendre jusqu'au refuge des Cosmiques.
* Le deuxième jour, le départ se fait très tôt le matin, de nuit, en marchant à la frontale. Après l'épaule du Mont Blanc du Tacul et le col du Mont Maudit, le sommet du Mont Blanc est enfin atteint après 5 à 6 h de marche. Le retour se fait le même jour puisque le téléphérique permet de descendre dans la vallée sans effort. Il n'y a aucune raison de dormir au refuge des Cosmiques en redescendant du sommet.
L'avantage de cet itinéraire est qu'il est plus rapide (en seulement un jour ou deux) et moins onéreux, même si le trajet en téléphérique coûte 60 euros, cela revient moins cher que de passer plusieurs nuits en refuge. L'effort est concentré sur un seul jour, ce qui évite de trop s'épuiser.
Les inconvénients existent aussi : la montée en 20 minutes à plus de 3800 m d'altitude laisse très peu de temps pour s'acclimater à la haute altitude. La course est plus longue que l'aller-retour entre le refuge du Goûter et le sommet du Mont Blanc, ce qui peut s'avérer trop fatigant pour les personnes trop peu entraînées. Il y a des risques d'avalanche et les crevasses sont plus nombreuses et plus dangereuses que sur la "voie normale". De plus, c'est une course plus technique qui demande davantage de connaissances de l'alpinisme. Certains passages sont très raides comme, par exemple, la pente à 45° sous le col du Mont Maudit. Parfois, les glaciers se craquellent verticalement, ce qui créé des murs de glace de plusieurs mètres de haut, difficiles à gravir : les rimayes.
Une rimaye sous le col du Mont Maudit et la pente très raide pour l'atteindre :
Le refuge des Cosmiques : 130 couchages, 04 50 54 40 16, http://www.chamonix.com/refuge-des-cosmiques,48-212803,fr.html
Le bivouac est autorisé sous le refuge.
Par les Grands Mulets
Cotation : AD (Assez difficile).
* Le premier jour : depuis la gare intermédiaire du téléphérique de l'aiguille du Midi, à 2310 m d'altitude, avec traversée du glacier des Bossons, il s'agit de monter au refuge des Grands Mulets, à 3057 m d'altitude. Il faut compter 4 h de marche depuis l'arrivée du téléphérique. Il est nécessaire de passer la nuit au refuge, car il reste plus de 1700 m de dénivelé avant le sommet.
Il est possible aussi de rejoindre le refuge en partant de plus bas, depuis le parking de péage du tunnel sous le Mont Blanc ou en se garant, sur le parking du télésiège qui permet d'accéder au chalet du glacier des Bossons, en longeant le glacier des Bossons par l'ouest et en rejoignant la Jonction, au niveau du Gîte à Balmat (sentier de randonnée facile jusque là).
* Le deuxième jour : l'ascension passe par le Petit Plateau, le Grand Plateau, le col du Dôme et l'arête des bosses, les deux derniers se trouvant sur la "voie normale". Il faut compter 7 à 8 h pour atteindre le sommet depuis le refuge.
C'est l'itinéraire "historique" par lequel sont passés les premiers alpinistes à avoir atteint le sommet du Mont Blanc le 8 août 1786 : Jacques Balmat et Michel-Gabriel Paccard. Il est surtout choisi au printemps par ceux qui tentent l'ascension à skis. Sur ce parcours dangereux, les crevasses sont nombreuses au niveau de la Jonction, de même que les chutes de pierres ou de séracs (blocs de glace), surtout vers les Petits et Grands Plateaux. Cet itinéraire n'est pas recommandé à la montée, car l'alpiniste est exposé trop longtemps aux chutes de séracs. A la descente en ski, le risque est moindre, car la vitesse lui permet de rester très peu de temps dans les passages les plus dangereux.
Le refuge des Grands Mulets : 68 couchages, 04 50 53 57 10, http://refugedesgrandsmulets.ffcam.fr/
Par le refuge Durier et l'aiguille de Bionnassay
Cotation : AD (Assez difficile).
Au départ de Saint Gervais, l'itinéraire passe par le refuge de Plan Glacier, à 2680 m d'altitude. Pour y parvenir, deux solutions existent :
* Partir du parking du Crozat, à 1420 m d'altitude, gravir le col du Tricot et suivre le sentier balcon jusqu'au refuge de Plan Glacier : dénivellation d'environ 1300 m de dénivelé.
* Partir du Champel, à 1205 m d'altitude et passer par les chalets de Miage : dénivellation plus importante, de près de 1500 m.
Passer une nuit au refuge ou poursuivre jusqu'au refuge Durier, à 3358 m d'altitude : selon l'itinéraire précédent, 2000 ou 2200. Vouloir aller trop vite laissera peu de force pour l'ascension aller-retour entre le refuge Durier et le sommet du Mont Blanc.
Il est possible également de rejoindre le refuge Durier par le refuge des Conscrits à 2602 m d'altitude et les Dômes de Miage.
Après une nuit au refuge Durier, gravir l'aiguille de Bionnassay qui culmine à 4052 m d'altitude. Certains passages se font en escalade plus ou moins faciles, sur des roches sur lesquels il vaut mieux enlever les crampons. Il est préférable de rester près de l'arête plutôt que de prendre à droite. Attention, les pierres ne sont pas toujours bien fixées, il faut se méfier et vérifier la stabilité d'une prise avant de lui faire confiance. Après les passages d'escalade, le parcours se poursuit dans la neige, sur une arête de plus en plus fine. Il faut être très concentré, car le moindre faux pas peut être fatal.
Après l'aiguille de Bionnassay, il faut redescendre (dur pour le moral) vers le col de Bionnassay. L'itinéraire passe ensuite le Piton des Italiens où l'on rejoint les alpinistes qui montent par l'Italie et la "Voie du Pape", le Dôme du Gouter, les Bosses et enfin le Mont Blanc.
Pour la descente, il est possible de redescendre par le même itinéraire, par le refuge du Goûter et le Nid d'Aigle, par les Grands Mulets ou encore par les Trois Monts.
Dans le cas où le même itinéraire est choisi pour redescendre, il est souhaitable de dormir au refuge Durier, car la course d'aller-retour au sommet aura déjà été bien longue.
Le refuge de Plan Glacier : capacité d'hébergement pour 20 personnes, 07 78 69 59 05, http://refugeplanglacier.fr/
Le refuge Durier : 12 places, 06 89 53 25 10, http://refugedurier.ffcam.fr/
Le refuge des Conscrits : 90 places, 04 79 89 09 03 , http://refugedesconscrits.ffcam.fr/
Par l'Italie : la voie du Pape
Cotation : PD +, Peu difficile supérieur.
Après le tunnel sous le Mont Blanc, continuer sur la route (ne pas emprunter l'autoroute) sur quelques kilomètres puis prendre la direction du Val Veni. Après Entrève, s'arrêter à la Visaille ou à la barrière à 1720 m. Poursuivre ensuite sur la route (coupée à la circulation), à pieds jusqu'au lac de Combal qui se trouve trois kilomètres plus loin.
La "voie normale italienne" passe par le glacier du Miage (en Italie, pas le glacier de Miage français), le refuge Gonella, le glacier du Dôme, souvent très crevassé ou, selon l'état du glacier (trop de crevasses) l'arête des Aiguilles Grises (rochers). Les deux itinéraires se rejoignent au col des Aiguilles Grises. Le parcours se poursuit par le Piton des Italiens, le dôme du Goûter et l'arête des bosses.
Cet itinéraire présente l'avantage d'être très peu fréquenté. Il est également magnifique et sauvage : les glaciers sont immenses et impressionnants. L'inconvénient, c'est qu'il faut tout gravir à pieds ; il n'y a pas de remontées mécaniques. C'est une course très longue.
Le premier jour : il s'agit de monter au refuge Gonella, à 3071 d'altitude. Avec un point de départ à 1720 m d'altitude, cela représente une course de près de 1400 m de dénivelé et 5 à 6 h de marche. L'ascension se fait à partir de la moraine à l'est du lac de Combal, en montant au milieu du glacier du Miage jusqu'à un éperon rocheux qui se trouve sur la droite. Il faudra le gravir pour rejoindre le refuge.
Le deuxième jour, le départ se fait très tôt, vers minuit, à la frontale. Le retour reprend le même itinéraire ou une autre voie du côté français, mais c'est guère pratique pour récupérer le véhicule stationné en Italie.
Après une premier jour fatigant, le deuxième jour risque d'être épuisant, car la nuit aura été très courte et il faudra marcher 7 à 8 heures et gravir plus de 1800 m de dénivelé pour atteindre le sommet du Mont Blanc, puis encore plusieurs heures et quelques efforts pour redescendre. Le retour reprend le même itinéraire ou une autre voie du côté français, mais c'est guère pratique pour récupérer le véhicule stationné en Italie.
Le troisième jour : selon l'itinéraire choisi, il restera à redescendre dans la vallée, après une nuit dans un refuge, sauf si le retour se fait par les Trois Monts et le téléphérique qui permet de rejoindre Chamonix le jour même.
Le refuge Gonella : 24 places, +39 0165 885 101 ou +39 347 25 74 536, http://www.rifugiogonella.com/
Site en français : http://www.rifugiogonella.com/Francais/accesfra.htm