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Le mal aigu des montagnes

Qu'est-ce que le MAM ?

Le MAM, le Mal Aigu des Montagnes est un défaut d'adaptation à l'altitude, en général au-dessus de 3500 m, mais cela dépend des personnes. : 15 % des personnes commencent à souffrir des premiers symptômes à partir de 2000 m d'altitude. A 4000 m, 60 % en souffrent.

Il apparaît environ 6 h (entre 4 et 12 h) après l'arrivée en haute altitude. Il régresse avec l'acclimatation (quelques jours passés à la même altitude) en deux à trois jours et disparaît immédiatement à la descente.

La pression atmosphérique diminue lorsque l'on monte en altitude : de 160 mm de mercure au niveau de la mer, elle n'est plus que de 85 mm au sommet du Mont Blanc, ce qui se traduit pas une diminution de la concentration d'oxygène dans l'air. Le mal des montagnes est lié à la raréfaction de l'oxygène qui entraîne une hypoxie, une diminution du taux d’oxygène dans le sang.

L'organisme peut avoir du mal à s'adapter à ce manque d'oxygénation, c'est pourquoi il lui faut du temps. Monter en vingt minutes à 3800 mètres par le téléphérique de l'aiguille du Midi sans acclimation préalable expose davantage au MAM que si l'on monte progressivement, à pieds et en plusieurs jours, au refuge du Goûter, qui lui aussi se trouve à 3800 m d'altitude.

Tout le monde peut y être sujet, même les alpinistes expérimentés qui n'ont pas fréquenté les très hauts sommets depuis trop longtemps (en début de saison, par exemple). Il existe des différences individuelles, mais des facteurs aggravants ont été observés : l'âge (avant 18 ans et après 50), le surpoids, le stress et la montée en altitude trop rapide : pas d'acclimatation et/ou montée en quelques minutes seulement par les remontées mécaniques.

Parmi les personnes interrogées lorsqu'elles redescendent du Mont Blanc, 79 % d'entre elles avouent avoir souffert du MAM, y compris parmi les alpinistes expérimentés qui n'ont pas pris le temps de s'acclimater.

Les symptômes du MAM sont :

* Des maux de tête, très fréquemment.

* Des insomnies, fréquentes également.

* Des pertes d'appétit, plus rarement.

* Des nausées, rares.

* Eventuellement, des vertiges, une grosse fatigue, un essoufflement persistant même au repos, des vomissements...

* Exceptionnellement, des oedèmes localisés aux yeux, au visage, aux mains, aux chevilles ou, plus graves, un oedème pulmonaire ou cérébral susceptible d'entraîner le coma ou la mort.

Pour plus d'informations, vous pouvez contacter l'IFREMMONT. C'est un organisme de recherche et d'informations sur le MAM, basé à Chamonix : http://www.ifremmont.com/

Après une phase blanche où il n'y a pas de symptôme, l'organisme développe des mécanismes pour s'acclimater, avec éventuellement des symptômes, le besoin de redescendre un peu ou de prendre son temps. Quand l'organisme est acclimaté à l'altitude, il est possible de faire des efforts un peu plus soutenus. Cette phase dure une à quatre semaines, selon les individus. Il ne faut pas rester trop longtemps à des altitudes importantes, car l'être humain n'est pas adapté à la haute altitude ; son organisme se dégrade et ses efforts sont de plus en plus épuisants. Au delà de 5500 m, il y a toujours une phase de dégradation.

Si l'objectif est uniquement de "faire le Mont Blanc", l'acclimation sera plus facile, mais elle ne doit pas être négligée.

 

Que faire contre le MAM ?

Il est nécessaire, plusieurs semaines auparavant, de monter à plus de 2500 m d'altitude plusieurs fois, puis à plus de 3000 m. Plusieurs randonnées en Haute-Savoie permettent d'atteindre cette altitude sans équipement particulier : le Buet à 3096 m d'altitude et le glacier de Tête Rousse à plus de 3100 m d'altitude.

On peut aussi faire quelques courses d'alpinisme entre 3000 et 4000 m, en cours ou stages d'alpinisme avec un guide ou un organisme, dans le massif du Mont Blanc ou dans les Ecrins (Hautes-Alpes).

Quelques jours avant l'ascension du Mont Blanc, on peut prendre le téléphérique pour monter à l'aiguille du Midi depuis Chamonix (60 euros par personne) et y passer la journée. Cela permettra en outre de s'entraîner un peu à la marche avec crampons, sur un glacier presque plat et peu dangereux.

Au-delà de 3500 m d'altitude, il ne faut pas progresser de plus de 400 m entre deux nuits consécutives, ou de 400 m en moyenne sur trois nuits (par exemple 500 m la première nuit et 300 m la seconde, pour une moyenne de 400 m). Cela ne veut pas dire qu'il ne faut monter que de 300 m en une journée, mais qu'il ne faut pas dormir 300 m plus haut que la veille. Exemple : après une première nuit à 3500 m, la deuxième nuit ne devra pas se faire à plus de 3800 m. Il est possible de monter davantage dans la journée, mais il faudra avoir redescendu suffisamment pour passer la nuit. Prenons l'exemple de l'ascension qui nous intéresse : si l'on passe une nuit au refuge du Goûter, à plus de 3800 m d'altitude, il ne devrait pas y avoir de problème pour monter le lendemain 1000 m plus haut, car on ne dormira (normalement) pas au sommet du Mont Blanc et la nuit suivante se fera à la même altitude, au refuge du Goûter ou plus bas.

L'idéal pour mieux supporter la haute altitude est de faire l'ascension sur plusieurs jours, mais avec le double inconvénient de dépenser davantage d'argent en nuitées en refuge et de devoir emporter plus d'eau, donc porter un sac à dos beaucoup plus lourd.

Pour limiter le MAM, il faut éviter les efforts intenses : au-dessus de 3000 m, marcher doucement et faire une pause de 5 minutes toutes les demi-heures pour se reposer, s'oxygéner (prendre le temps de respirer calmement et profondément), boire et se restaurer.

Attention à bien s'hydrater : boire suffisamment facilite l'adaptation à l'altitude et limite l'effet du MAM.

Voici la fiche de recommandations de l'Ifremmont : Mam ifremmontMam ifremmont (167.07 Ko).

 

Le MAM se soigne-t-il ?

En prévention et en traitement, il est recommandé de prendre des granules homéopathiques de Coca en 5, 7 ou 9 ch. La dilution en 7 ch est la plus souvent conseillée. Prendre 3 granules trois fois par jour (ou davantage en cas de symptômes importants : jusqu’à trois granules toutes les 30 minutes). Commencer à en prendre un jour avant de dépasser les 3000 m d’altitude (ou moins selon les personnes) et n’arrêter qu’une fois redescendu. En haute montagne, les granules de Coca sont indiquées contre les insomnies, les palpitations, les maux de tête, l'essoufflement, les angoisses et l'épuisement. Dans les pays andins, la feuille de coca est consommée en infusion ou machée pour limiter les symptômes du MAM (qui est appelé "soroche" dans ces pays). En France, la consommation de coca est interdite ; seule sa forme homéopathique est disponible.

 

Il est possible de demander du Diamox à son médecin, un médicament, paraît-il, très efficace contre le MAM. La molécule active, l'Acétazolamide, peut être vendue sous un autre nom, dans certains pays. C'est un médicament disponible uniquement sur ordonnance, car il présente des contre-indications et des effets secondaires. Certains médecins préfèreront le réserver aux personnes qui ont déjà souffert du MAM malgré une progression adaptée et une acclimatation correctement menée. Il est surtout nécessaire pour les voyageurs qui partent faire des treks dans les régions himalayennes bien plus hautes que nos contrées ou qui arrivent d'emblée en haute altitude sans avoir pu monter progressivement, par exemple lors d'un atterrisage à La Paz, en Bolivie (à 4061 m d'altitude).

Si lors d'une consultation spécialisée auprès d'un médecin de montagne, un test d'effort montre une mauvaise réponse ventilatoire à l'hypoxie (Le sujet ne reprend pas son souffle lorsque l'air est trop pauvre en oxygène), la prescription de Diamox est alors justifiée, car il augmente la capacité des poumons à récupérer suffisamment d'oxygène dans un air qui en est trop peu chargé. Il retarde l'apparition du MAM et son action diurétique diminue la pression du liquide céphalo-rachidien, cause des céphalées. Cet effet diurétique est trop faible pour limiter ou soigner les oedèmes, mais il peut poser problème aux femmes qui ne trouveront pas facilement à se soulager sur les glaciers : forte fréquentation, aucun sapin pour se cacher... Enfin, le Diamox agit en éliminant les ions bicarbonates qui sont fabriqués en grande quantité par l'organisme lors d'un séjour en altitude et qui sont responsables du MAM. Cela permet de ramener le Ph sanguin à la normale chez les personnes qui présentent une alcalose gazeuse (Leur sang n'est plus assez acide). Il accélère également l'élimination du potassium et du sodium, ce qui est dommage, d'autant qu'on en perd déjà beaucoup par la transpiration lors d'un effort intense. L'effet du Diamox intervient 12 à 24 h après la première prise, c'est pourquoi il faut commencer à en prendre deux jours avant d'atteindre les 3000 m d'altitude et continuer tout au long de la course.

La dose habituelle est de 250mg/jour, soit un demi-comprimé le matin et un demi le midi (éviter le soir à cause de l'effet diurétique). Ne pas dépasser 2 comprimés par jour.

 

Le Viagra, en tant que vasodilatateur, est efficace contre les oedèmes du MAM, en préventif et curatif.

 

On peut aussi prendre de l'Aspirine en prévention : selon les sources, prendre 100 mg à 1 g avant d'atteindre 3500 m d'altitude (ou moins selon les personnes) et encore autant le jour suivant. 250 g par jour est la dose la plus fréquemment préconisée. En cas de mal de tête, la posologie doit être plus importante (1 g). Le paracétamol peut remplacer l'aspirine pour ceux qui ne le supportent pas.

 

Si les symptômes ne cèdent pas à l'aspirine, il faut arrêter de gagner de l'altitude et se reposer. Si cela ne suffit pas, il faut impérativement redescendre. En cas de troubles sévères, un passage dans un caisson hyperbare peut être nécessaire.

En cas d'oedème pulmonaire, un médecin prescrira éventuellement un vaso-dilatateur ou des corticoïdes. Prendre un diurétique n'a pas montré d'efficacité. Il ne faut pas non plus arrêter de boire en pensant limiter un oedème. Au contraire, un manque d'hydratation aggrave le MAM.

 

Evaluer la gravité du MAM

Un score peut être calculé pour évaluer la gravité du MAM et la conduite à tenir :

* Compter 1 point pour chacun des symptômes suivants : un mal de tête, une perte d'appétit, des nausées, une insomnie, des vertiges ou la sensation de tête dans le coton.

* Compter 2 points pour chacun des symptômes suivants : un mal de tête ne cédant pas aux antalgiques (1 gr d'aspirine), des vomissements.

* Compter 3 points pour chacun des symptômes suivants : un essoufflement au repos, une fatigue anormalement intense, une baisse importante du volume des urines (diurèse).

 

Si le score total est de :

* 1 à 3 points : il s'agit d'un simple MAM contre lequel il suffit de prendre 1 g d'aspirine et d'attendre que les symptômes diminuent pour continuer la progression.

* 4 à 6 points : le MAM est modéré. Il faut prendre 1 g d'aspirine, stopper la progression en altitude et se reposer une journée.

* plus de 6 points : le MAM est sévère et la redescente s'impose, voire le passage par un caisson hyperbare.

 

L'oedème cérébral se manifeste par des modification de l'humeur et du comportement puis des maux de têtes insupportables et des vertiges. L'oedème pulmonaire apparaît généralement au cours d'une des deux premières nuits, par des quintes de toux, des crachats, une sensation d'étouffement et parfois une fièvre qui peut faire penser à tort à une infection. L'état peut s'aggraver très rapidement : les lèvres et les oreilles sont bleues, les crachats sont chargés de sang : le coma n'est plus bien loin.

Un oedème pulmonaire ou cérébral est une urgence vitale ; il faut appeler les secours (le 112 ou le PGHM de Chamonix au 04 50 53 16 89) afin que la victime redescende rapidement dans la vallée et qu'elle soit admise à l'hôpital pour recevoir les soins adaptés et, si besoin, intégrer un caisson hyperbare. C'est un caisson étanche dans lequel la pression est supérieure à la pression atmosphérique normale, ce qui permet d'augmenter l'oxygénation de l'organisme des patients.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne faut surtout pas se priver de boire pour éviter ou soulager un oedème, ni prendre un diurétique. Au contraire, s'hydrater suffisamment prévient l'apparition d'un MAM.

 

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